C'est quoi ce travail
La folie Almayer
Les petites fugues
Les drôle de poissons chats
Pique-nique à Hanging Rock
Leçon d'harmonie
XXY
Ils Mourront tous sauf moi
Chante ton bac d'abord
Jeanne et le garçon formidable
The lesson
Fidelio L'odyssée d'Alice_Synopsis
La langue des papillons
Espagne 1936
Casa grande

Programmation 2016
Programmation 2016
Programmation 2015
Programmation janvier à mars 2017

Programmation 2016

Vendredi 27 et Samedi  28 mai 2016

CINE-RENCONTRES : autour de l'ADOLESCENCE Avec la présence de Anne Lainé

Ils sont au travail. Les salariés d’une usine qui produit 800.000 pièces d’automobile par jour et le compositeur Nicolas Frize dont la création musicale s’invente au cœur des ateliers. Chacun à sa manière, ils disent leur travail. Chacun à sa manière, ils posent la question : alors, c’est quoi le travail ?

 « Durant deux ans, le compositeur Nicolas Frize s'est installé au cœur de l'usine PSA Peugeot Citroën de Saint-Ouen, avec micros et partitions, à l'écoute du personnel et de la cadence entêtante des machines. Ce formidable documentaire fait mieux que filmer une simple expérience : il contemple, donc, le « travail », dans son essence même : un dialogue incessant entre celui qui crée et ceux qui fabriquent. Sont-ils si différents ? Portraits d'humains pris dans le métal, rêvant et pensant leur activité en voix off, dans le tourbillon mécanique. »

Cécile Mury (Télérama : 14/10/2015)


« On voit très crûment la dissymétrie de conditions entre l’intellectuel et le travailleur manuel sans que l’on sache tout à fait ce que l’expérience artistique en cours entraîne de bienfait, de prise de conscience, de mélancolie aussi dans l’évidente disparité et profondeur des pratiques. Le film n’interroge pas ce hiatus, il le laisse se faufiler et justifie d’autant le mordant de la question du titre. »

Didier Perron (Libération : 15/10/2015)


« Petit à petit, le film révèle des points de contact entre les activités a priori antinomiques de l’emboutissage, de la musique et du cinéma. Chacun part de fragments de métal/de sons/d’images-son, pour aboutir à un résultat d’ensemble par un travail de montage, d’assemblage plus ou moins savant, technique ou instinctif… Jousse et Joulé construisent un regard mutuel et partagé entre ces deux mondes dont on dit qu’ils ne se regardent pas, infirmant la dichotomie populiste qui entend creuser un fossé guerrier entre le “peuple” et les “élites”. La dimension hautement politique de ce film ne l’empêche nullement d’être porteur de suspense, de multiples niveaux de lecture, d’interrogations et de beauté plastique. C’est ça, ce travail. »

Serge Kaganski (Les Inrocks : 09/10/205)


« Subtil et sans parti pris, le documentaire restitue à merveille l'ambiance du travail à la chaîne, superposant une voix-off sur des gestes devenus mécaniques. "L'homme s'adapte à n'importe quoi quand il est condamné", constate un ouvrier. Des paroles que ne renierait pas Karl Marx. » Studio Ciné Live


«  À l’image, les cinéastes dissèquent les rouages de la production industrielle tandis que les voix des ouvriers décrivent des approches du travail et des existences aussi riches que plurielles. Une restitution qui traduit une acuité et une sensibilité remarquables, à travers des témoignages touchants, souvent surprenants, toujours passionnants. Pendant ce temps-là, le compositeur franchit, tantôt en discret glaneur de quelque sonorité ou matériaux, tantôt en véritable orchestrateur, les étapes d’une création qui s’offrira à nous. N’ayons pas peur des mots : c’est brillant ! » Cinémas Utopia



C'EST QUOI CE TRAVAIL ?


Un documentaire de Luc JOULE et Sébastien JOUSSE

(France ; 2015 ; 1 h 40 ; inédit à Troyes)

En présence de Sébastien JOUSSE (séance de 20 h)

Vendredi 29 janvier (14 h  30 et 20 h)



LA FOLIE ALMAYER


Hommage à Chantal AKERMAN

Un film de Chantal Akerman

(2012 ; 2 h 07 ; inédit à Troyes)

Avec Stanislas Mehrar, Aurora Marion, Marc Barbé

Vendredi 26 février (14 h  30 et 20 h)

Hommage à la cinéaste belge Chantal Akerman

En hommage à cette grande réalisatrice et documentariste belge disparue le 5 octobre dernier quasiment inconnue du grand public (tous ses films sont inédits à Troyes), nous vous proposons La folie Almayer, sa dernière œuvre sortie sur les écrans en 2012.

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Quelque part en Asie du Sud-Est, au bord d’un fleuve tumultueux, un Européen s’accroche à ses rêves de fortune par amour pour sa fille. Une histoire de passion, de perdition et de folie, adaptée du roman de Joseph Conrad


« En s’inspirant du premier roman de Joseph Conrad, composante initiale de la Trilogie malaise, Chantal Akerman livre un film étouffant, éprouvant, envoûtant. La moiteur sourd de chaque plan ; des voix off relaient l’image qui distille, comme un poison, le colonialisme, la soif de l’or, la démence et la passion. Sublime. »

 Isabelle Daniel (Première)


« Pour raconter cette histoire, Chantal Akerman confère une singulière foulée au récit, joue magistralement avec un temps qu'elle se prend parfois à dilater. De longs travellings au cœur de la végétation exotique, la capture du reflet de la Lune dans les eaux noires d'un fleuve qui ne mène nulle part, une déambulation nocturne dans les rues d'une métropole suivant la jeune femme évadée du pensionnat et se perdant dans un inquiétant anonymat urbain. »

 François Rauger (Le Monde : 24/01/2012)


« La force du film émane de personnages égarés à la recherche d’un paradis perdu, autant celui que l’on est venu chercher que celui que l’on a quitté, la réussite réside dans une capacité à l’exprimer cinématographiquement. La densité de la mise en scène ainsi que le point d’équilibre admirable entre virtuosité et rugosité subjuguent…

Chantal Akerman compose un film reposant sur des dérives rêveuses et âpres, d’une douloureuse langueur – celle d’Almayer est statique, d’autres plus mouvantes. Le plan-séquence final est des plus impressionnants, Almayer y donne à voir ce que peut être la perdition et l’effondrement définitif d’un être qui s’abîme dans le néant. »

Arnaud Hée (critikat.com)


« Distillant la mélancolie, le sens de la dérive et les névroses coloniales du roman de Conrad dont il est tiré, La Folie Almayer permet ainsi à Chantal Akerman de prolonger sa réflexion sur les sexes. Mais surtout, il est l’occasion d’un envoûtant travail esthétique. Le film forme ses ses idées et ses concepts à partir de la seule matière cinématographique. »

 Olivier Bouchard (Les Fiches du cinéma)


« Ce film hypnotique intrigue et envoûte bien au-delà de sa simple vision, comme si quelque chose nous restait de cette "folie" qu’il donne à voir. Par ailleurs, dans les thèmes qu’il explore (fin du monde colonial, perte des valeurs-refuge telles que l’or, remise en cause de l’esprit européen) La Folie Almayer entre en parfaite résonance avec les problèmes rencontrés par notre monde. Preuve, s’il en fallait une, que le cinéma d’auteur n’est pas si déconnecté qu’on le croit de la réalité. »

avoir-alire.com


LES PETITES FUGUES


Une comédie de Yves Yersin

(Suisse ; 1979 ; 2 h 20 ; inédit à Troyes)

Avec Michel Robin, Fred Personne, Fabienne Barraud,

Dore de Rosa

Ressortie en salles le 10/12/2014

Vendredi 25 mars (14 h  30 et 20 h)

   Pipe est un vieux valet de ferme, employé depuis toujours chez les Duperrey, dans un petit village du canton de Vaud. Ayant touché pour la première fois sa retraite, il s'offre un vélomoteur. Après avoir péniblement appris à conduire cet engin, il prend goût aux escapades, aux dépens de son travail à la ferme.


« Trente-cinq ans après, le charme des Petites Fugues (quel titre délicieux...) reste intact. Il doit beaucoup à la performance de Michel Robin, à l'étonnante présence comique qui évoque autant le burlesque de Tati que le physique hors norme de Michel Simon. L'apprentissage de la conduite par Pipe, sa virée très alcoolisée, lors d'une course de motocross, sont irrésistibles. Le film est tout aussi réussi dans ses moments plus contemplatifs : Yves Yersin, brillant documentariste de formation, filme alors le quotidien de la ferme dans un style naturaliste ou s'autorise, au contraire, de belles parenthèses poétiques. Quand Pipe parvient enfin à dompter son « vélo », la caméra décolle du bitume pour prendre de la hauteur. Comme un envol vers la liberté... »

Samuel Douhaire (Télérama : 10/12/2014)


« Solidement réaliste, Yves Yersin prend son temps, et il ne faut pas le lui reprocher. Attentif aux détails, aux gestes dans leur durée, il saisit également sur les visages les expressions qui s'installent. Suisse, il prend aussi en chacun la part de poésie offerte comme l'a fait avant lui Michel Soutter. Le charme des Petits fugues repose sur une observation du monde, des gens, des pouvoirs, des évolutions, sur une réflexion de cinéaste, sur un travail. »

Claire Devarrieux (Le monde : 18/09/1979)


« Avec les Petites fugues, Yersin a choisi de raconter l'histoire d'un valet de ferme de la grasse campagne vaudoise. Avec un regard de la plus grande acuité en même temps que la plus grande émotion.  Par des voies bien différentes d'un Olmi et son Arbre aux sabots, mais lui aussi fort au-delà de tout régionalisme, il sait nous rendre perceptible la réalité des travaux et des jours.  Collant à cette réalité, il ne craint pas pour autant de recourir à l'imagination, au lyrisme et au chant.  Il réussit même la synthèse des deux grandes tendances du cinéma suisse, je veux dire la poésie et l'ethnographie. »

Michel Boujut (Les Nouvelles littéraires : 20/09/1979)


« « Jusqu'à un certain point de son récit, Yersin (je pèse mes mots) signe un chef d'œuvre. Jamais une création du septième art conçue et réalisée dans notre pays n'atteignit ce niveau de bouleversante évidence : nos réalités extérieures et intérieures saisies sur le vif dans leur particularisme, puis remodeler pour éclater en plein universalisme concret. L'élaboration très subtile du rôle effectuée par Michel Robin sous la direction du réalisateur n'y est évidemment pas pour rien : il incarne Pipe le Vaudois avec une exactitude confondante et le pousse au mythe. »

Freddy Buache (Membre fondateur de la Cinémathèque suisse : L'Avant-Scène cinéma : 11/1979)


LES DRÔLES DE POISSONS CHATS


Un film de Claudia Sainte-Luce

(Mexicain ; 2014 ; 89mn ; VOST ; inédit à Troyes)

avec Ximena Ayala, Lisa Owen, Sonia Franco

Vendredi 29 avril (14 h  30 et 20 h)

Claudia vit totalement isolée et en autarcie dans une grande ville du Mexique, un jour elle est victime d'une crise d'appendicite et termine sa course aux urgences d'un grand hôpital. Le lit mitoyen du sien est occupé par Martha une femme de quarante-six ans, qui a quatre enfants et qui, elle, est atteinte d'une maladie incurable.  Martha par rapport à Claudia a une joie de vivre sans borne, tout lui est rose, dès que ses douleurs sont maîtrisées, le goût de la vie lui revient.

Lors de leurs sorties commune, Martha invite Claudia à manger et lui propose de rester quelques temps chez eux...

 Il est difficile de ne pas être conquis par cette comédie triste et douce. Claudia Sainte-Luce traite avec beaucoup de pudeur de thèmes universels, la solitude, la maladie et la mort, mais aussi l'amitié et la générosité. A travers des personnages superbement interprétés, elle met en évidence l'énergie de vie qui est en chacun de nous. Un film touchant, magistralement filmé par Agnès Godard. Le Monde

 Cette histoire-là est à la fois fragile et immensément précieuse. La réalisatrice explore, avec délicatesse, un mystère. Une jeune fille qui n'a pas eu de mère en trouve une, et une femme qui aime ses enfants trouve une fille de plus. La réalisatrice réussit à suggérer la grâce de ce croisement miraculeux. C'est dit avec une pudeur magnifique, à l'image du titre, qui désigne un petit aquarium cocasse et accessoire, chargé d'une affection secrète. L'attachement est une drôle d'histoire. Qui finit, ici, par devenir carrément déchirante. Télérama

 Les drôles de poissons-chats est le récit d'une transformation et d'un legs. C'est en cela qu'il bouleverse. La comédienne Lisa Owen incarne avec finesse et sobriété cette mère qui n'est déjà plus tout à fait là. Le Monde

 Un film subtil sur lequel plane l'ombre de la mort avec la grâce d'une mouette. Le Canard enchaîné

 L'histoire est portée par une merveilleuse actrice, Ximena Ayala. L'éclosion des sentiments qui ne tardent pas à s'emballer élève peu à peu la mise en scène d'un naturalisme un peu sec vers une musicalité plus tendre et plus poétique. Première.

Vendredi 27 mai  (14 h 30 )

PIQUE-NIQUE à HANGING ROCK


Film de Peter WEIR.

(Australie, 1975 ; 1h55 ; vost ; inédit à Troyes)

En1900, en Australie, les élèves d'une école privée pour jeunes filles partent en pique-nique au pied d'un immense rocher ayant été un lieu de culte aborigène. Alors que le soleil est à son zénith et que les filles s'abandonnent à la torpeur de l'après-midi, quatre d'entre elles s'aventurent dans un étroit défilé rocailleux, comme appelées irrésistiblement par le rocher. Hormis une ingénue qui s'enfuit, prise de panique, les trois autres pénètrent dans une cavité et disparaissent, en même temps qu'une de leurs enseignantes. Des recherches et des battues sont organisées pour les retrouver. Une seule des trois sera retrouvée vivante mais amnésique.


Avant même que l'événement clé du film ne se produise, une énigme et un parfum de soufre planent sur cet établissement où se murmurent, un beau matin de Saint-Valentin, des mots d'amour, tel le bourdonnement opaque d'un essaim d'abeilles. Comme on le vérifiera plus tard, les images sont ici détentrices d'un secret inaccessible, aussi impénétrable que la virginité suraffichée de ces blanches colombes tout droit sorties de photos de David Hamilton : cette perversion de la perception contamine délicieusement Hanging Rock et trouve son point culminant dans la sublime scène de disparition de trois élèves et d'un professeur lors d'un pique-nique organisé près d'un immense rocher. Cette masse abrupte, à la difformité fascinante, devient la pierre d'achoppement de toute vérité : on ne connaîtra jamais la cause de cette évaporation, qui semble résulter de l'attraction érotique exercée par ce rocher et ses cavités. Les Inrocks, juillet 2009

Vendredi 27 mai ( 20 h)

LECONS D'HARMONIE


 

Film de Émir BAIGAZIN

(Kazakhstan, 2014, 1h44, VOST ; inédit à Troyes)

Dans un village du Kazakhstan, une grand-mère tente de comprendre son énigmatique petit-fils, Aslan, 13 ans, qu'elle élève depuis la mort de sa fille aînée. Passionné de science et de biologie, il aime la perfection de la nature. Parce qu'il n'est pas comme les autres enfants de son âge, il devient la cible de Bolat, le chef du gang des mauvais garçons. Humilié, Aslan subit, mais prépare méthodiquement sa vengeance...


Une éducation. Aslan ne la subit pas en prison, comme le héros d'Un prophète, mais dans un lycée qui y ressemble. Un lieu étrange où les professeurs enseignent indifféremment la philosophie de Gandhi et l'art de tirer avec les armes à feu. Un endroit où règnent des groupes rivaux rackettant les élèves, au nom d'idéaux hypocrites. Un monde où les « grands frères » terrorisent les plus petits, précisément parce qu'ils sont sans défense... Aslan est un ado taciturne et doué. D'autant plus obsédé par la propreté de son corps qu'il le sent cerné par les miasmes ambiants. Il le lave, le purifie sans cesse. Et lorsqu'il le sent souillé, après une blague potache ourdie par ses congénères, lors d'une visite médicale, il ne peut que se venger... Pierre Murat, Télérama, mars 2014


Cette première œuvre glaçante dénonce toute forme de violence en l’inscrivant dans un cadre scolaire universel. Toutefois, le cinéaste ne tombe jamais dans le piège de l’illustration et livre une œuvre à la fois austère, poétique et tranchante comme une lame de rasoir.   aVoiraLire.com


Leçons d’harmonie », premier film époustouflant d’un jeune cinéaste kazakh, derrière le récit méthodique de la vengeance terrible d’un élève maltraité, nous invite à une traversée des apparences, sur des pistes fourmillantes. F. Jarraud, Le Café pédagogique, 2014

Samedi 28 mai (14 h)

XXY


Film de Lucia Penzo

(Argentine ; 2007 ; 1h31)

Alex, une adolescente de 15 ans, a un secret : elle est hermaphrodite. Peu après sa naissance, ses parents décident de quitter Buenos Aires pour s'installer sur la côte uruguayenne, dans une maison de bois perdue dans les dunes. XXY commence avec l'arrivée d'un couple d'amis venus de Buenos Aires, accompagnés d'Alvaro, leur fils de 16 ans. Le père, un spécialiste en chirurgie esthétique, a accepté l'invitation en raison de l'intérêt médical qu'il porte à Alex. Une attirance inéluctable naît entre les deux enfants qui va les obliger à affronter leurs peurs... Des rumeurs se répandent dans la ville. On commence à dévisager Alex comme si elle était un monstre. La fascination qu'elle exerce risque désormais de devenir dangereuse.

Un sujet difficile et délicat, traité avec pudeur et sensibilité par un cinéaste qui a écumé tous les festivals. Et candidat argentin à l'Oscar du meilleur film étranger l'an prochain.  Jean-Luc Douin, Le Monde


Avec beaucoup de sensibilité et de probité artistique, le film évite les écueils inhérents au sujet. XXY n'est pas un film à thèse conjuguant vulgarisation clinique et plaidoyer moral ni un drame licencieux cultivant le sensationnalisme. Mais une histoire de tolérance qui s'offre un pied de nez aux voyeurs.

Trois adolescentes âgées d'une quinzaine d'années, évoluant dans la banlieue moscovite, attendent avec impatience le bal de fin d'année du lycée. Un bal de fin d'année qui va marquer le passage de la pré-adolescence à l'âge adulte.  ..

Qu’est-ce qu’être adulte pour trois adolescentes d’une quinzaine d’années ? Dans le cas présent, c’est crapoter sur des cigarettes, boire des bières bon-marché, mettre des fringues aguichantes…


Les trois jeunes filles perçoivent ainsi le passage à l'âge adulte et le saupoudrent d'un optimisme débordant, rappelant bien, quant à lui, La Boum. Et c'est justement ce qui est déchirant. Ils mourront tous sauf moi ! , c’est des rêves d’enfant brisés au bulldozer. Lwi, Matrack


 De cette chronique des rites de passage à l'âge supérieur, avec perte brutale des illusions, on retient une âpreté que l'on ne trouve pas dans les teen movies habituels. La réalisatrice fait bénéficier son film de son expérience de documentariste. Rien n'est feint, ni l'ivresse ni les coups. Jean-Luc Douin, Le Monde, 2012

Trois copines : Vika, Katia et Janna. Elles ont 16 ans, étudient (très vaguement) dans un lycée de la banlieue de Moscou. Seule les intéresse la fête de fin d'année : elles s'y préparent avec leur habituelle hystérie enthousiaste... La réalisatrice l'a dit et redit : tout est vrai dans son film. L'alcool que les jeunes actrices buvaient pendant les prises. Les coups qu'elles se donnaient... Vrais, aussi, cette sinistre banlieue, ces adultes hagards, totalement interdits devant les ovnis qu'ils ont enfantés, et ces lycéennes aussi féroces entre elles que vis-à-vis des autres, tous les autres... Pierre Murat, Télérama, 2012

Samedi 28 mai (17 h )

ILS MOURRONT TOUS SAUF MOI


Film de Valeria Gaï Germanica,

(Russie 2008, 80 mn)

Samedi 28 mai ( 20 h )

CHANTE TON BAC D’ABORD


Film De David André

(France ; 2014 ; 1h22)

Boulogne-sur-Mer, une ville moyenne confrontée aujourd'hui à la désindustrialisation et à la précarité, Gaëlle, Rachelle, Caroline, Nicolas et Alex forment une inséparable et turbulente bande d'amis. Tandis qu'ils s'apprêtent à passer le bac, leur univers adolescent, auquel s'oppose celui de leurs parents, est porté par des « chansons du réel », de petites pages enchantées dans un monde désenchanté. Ce documentaire fait le pari d'émerveiller le réel avec des chansons et musiques originales, qui alternent avec la chronique douce-amère, à la fois grave et pleine d'humour, de cette fameuse année du bac.  Télérama


· À la fois social et musical, le film, ponctué de chansons, mêle les deux registres avec une grande fluidité, et révèle des personnalités attachantes. Isabelle Boudet, Les fiches du cinéma· 


 Ce portrait d'une génération, qui observe aussi les parents et, en creux, une région sinistrée, bascule dans la poésie lorsque les ados se mettent à chanter. C'est gonflé et enchanteur. O. Dumont, ·Le Monde


JEANNE ET LE GARÇON FORMIDABLE


Comédie musicale de Jacques Martineau et Olivier Ducastel

France ; 1998 ; 1h38

Avec Virginie Ledoyen, Mathieu Demy, Jacques Bonnaffé

En première partie, spectacle musical en voie de finalisation.

Jeanne est une jeune standardiste parisienne, que sa soeur Sophie et sa mère aimeraient voir nouer une relation enfin durable avec un homme, alors qu'elle se partage entre deux amants, un coursier et un collègue de travail BCBG, Jean-Baptiste. Un beau jour, dans le métro, Jeanne rencontre Olivier. C'est le coup de foudre. Au deuxième rendez-vous, Olivier apprend à Jeanne qu'il est séropositif. Jeanne n'en continue pas moins de l'aimer. Les week-ends amoureux se succèdent mais, lors d'une promenade à Montmartre, Olivier est victime d'un léger malaise et se met à tousser. Hospitalisé, il juge bon de s'enfuir. Jeanne se lance sur ses traces. Elle tente de le retrouver avec l'aide de son copain François, homosexuel et militant d'Act Up...


La première caractéristique du film est d'être une comédie musicale, à une époque où le genre a disparu depuis longtemps dans le cinéma français. Tournant le dos aux conventions, le film décline ses morceaux sur autant de rythmes et de tempos différents : world, musette, a cappella, tango, romance, aria, biguine, etc. sans aucun lien thématique, mais en composant une mosaïque variée.

Cette diversité fait écho à la construction du film qui intègre une bluette pleine de légèreté dans une réalité sociale précise et douloureuse. Ce choc des genres renvoie directement à l'univers de Jacques Demy, mort du sida (auquel un hommage est rendu sous la forme de couples effectuant en arrière-plan des pas-de-deux dans le plus pur style des Demoiselles..., de la première chanson de Jeanne qui dit n'avoir jamais rêvé de l'homme de sa vie, contrairement à Delphine des Demoiselles, ou encore de la présence de son fils, Mathieu Demy dans le rôle du garçon formidable), dont il remet au goût du jour les fondements. Wikipedia

Jeanne et le garçon formidable (quel beau titre !) est un film qui ne laisse aucun doute : Ducastel (le réalisateur) et Martineau (le scénariste) élèvent le cinéma de Jacques Demy au rang de genre. Désormais, après Jeanne…, on pourra dire d’un film que c’est un "demy", comme on dirait "c’est un polar" ou "c’est un western". Espérons que la filiation sera nombreuse. Et l’affaire est rondement menée, dès les premiers plans dans l’immeuble de verre où travaille Jeanne comme standardiste. Les numéros, chansons (belles musiques de Philippe Miller, qui a eu l’intelligence de ne pas chercher à imiter Michel Legrand), danses s’enchaînent avec une évidence, une joie, une impudeur très toniques qui emportent l’enthousiasme du spectateur (…) toujours en équilibre entre sensualité et gravité. Jeanne… est l’histoire d’une jeune femme libérée et égoïste, que la mort de l’homme qu’elle aime ouvrira sur le monde. C’est l’histoire d’une initiation, d’une prise de conscience du monde qui ne tente jamais de faire croire qu’elle nécessite un renoncement au plaisir. On attend la suite des aventures de Jeanne. Olivier Niklaus, Inrocks

Jeanne est un film qui, à sa fenêtre, participe d'un tourbillon protestataire contemporain dont la singularité est de faire de la politique de manière embarrassante et minoritaire. Que Jacques Martineau et Olivier Ducastel aient milité à Act Up n'est évidemment pas étranger à cette façon de faire. Jeanne est un film sans papier, sans abri, sans identité, sans précédent, qui sait faire de toutes ces privations une revendication rageuse. Autrement dit, un film qui a su rendre sa colère intelligente et joyeuse sans qu'elle cesse pour autant d'être dérangée et dérangeante. Cette gêne bienfaisante tient pour beaucoup à la crudité de son propos. Gérard Lefort, avril 1998

Vendredi 24 juin ( 14 h 30 et 20 h )

Vendredi 23 septembre ( 14 h 30 et 20 h )

THE LESSON


Film de Kristina Grozeva

(Bulgarie – Grèce ; 2015 ; 1 h 45 ; VOST)

Inédit à Troyes

Dans une petite ville bulgare, Nadia, enseignante d’anglais, cherche à confondre un de ses élèves qu’elle soupçonne de vol, en rappelant à la classe les principes moraux de la vie en société. Au même moment, de lourdes difficultés financières menacent sa famille.


"The Lesson" tire l'essentiel de sa force, qui est grande, de la qualité du regard porté sur cette suite de péripéties fort communes en elles-mêmes : le destin de Nadezhda pourrait être tragique. S'il ne l'est jamais, c'est que le film se décale sans cesse de la réalité qu'il montre. Avec ce premier long-métrage de fiction, Kristina Grozeva et Petar Valchanov ont frappé fort. Et dans le rôle de Nadezhda, Margita Gosheva est parfaite.

Pascal Mérigeau -. Le Nouvel Obs.


Kristina Grozeva et Petar Valchanov signent un film osé et fort bien troussé en forme de parabole morale.

Alexis Duval – Les Fiches du Cinéma.


The lesson crée un suspens ignoble ; le spectateur n’a de cesse de s’interroger sur l’étendue de sa force intellectuelle. Menacée d’expulsion, confrontée à la prostitution, l’enseignante ne brade ni son corps, ni son esprit. Elle fait le choix de l’illégalité. Acculée, Nadezha braque une banque. Elle redéfinit à travers cet acte la notion de vertu, pour elle, pour ses élèves, pour les autres.

Premier volet d’une trilogie sur la dictature du profit, The lesson offre au spectateur assez de douceur pour qu’il puisse en accepter la dure réalité. A l’ombre de figures menaçantes et d’institutions hostiles, la femme plus encore que l’homme, doit lutter pour sa survie. On en vient à se demander, comme toujours, le temps qu’il faut à l’être humain pour apprendre, cette leçon et toutes les autres. A voir A lire.com


Le sujet est maîtrisé du début à la fin par la réalisatrice, qui donne à cette course contre la montre psychologique des allures de thriller haletant. Clément Sautet, Studio Ciné Live.

FIDELIO, L'ODYSSÉE D'ALICE


Un film de Lucie Borleteau

(France ; 2014 ; 1 h35 ; inédit à Troyes)

Avec Ariane Labed, Melvil Poupaud, Anders Danielsen Lie

Alice, 30 ans, est marin. Elle laisse Félix, son homme, sur la terre ferme, et embarque comme mécanicienne sur un vieux cargo, le Fidelio. A bord, elle apprend qu’elle est là pour remplacer un homme qui vient de mourir et découvre que Gaël, son premier grand amour, commande le navire.
Dans sa cabine, Alice trouve un carnet ayant appartenu à son prédécesseur. La lecture de ses notes, entre problèmes mécaniques, conquêtes sexuelles et mélancolie amoureuse, résonne curieusement avec sa traversée.
Au gré des escales, au milieu d’un équipage exclusivement masculin, bercée par ses amours qui tanguent, Alice s’expose au bonheur de tout vivre à la fois et tente de maintenir le cap…


Une femme entre deux hommes. C'est bien un sujet de premier film français, tendance néorohmérienne, mais le cadre de ce conte moral est inédit. Fidelio décrit avec ce qu'il faut de romanesque le quotidien à bord, la vie en communauté et les rites des marins, mêlant habilement la trivialité des hommes au lyrisme du navire sur l'océan (beaux plans maritimes en Scope). Ce n'était pas gagné de rendre crédible une femme au milieu de tous ces mâles […] Pas évident de la rendre féminine et désirable en bleu de travail, du cambouis sur les joues. Lucie Borleteau a trouvé un ingrédient magique, une actrice d'une intrépidité sans limite : Ariane Labed, révélée par le film grec Attenberg (Prix d'interprétation à Venise 2010) Sourire de reine, elle cache, derrière son apparente gracilité, une force indomptable. Sous sa surveillance, la salle des machines du vieux cargo devient une matière organique, la métaphore de ce coeur qui bat plus fort que tous les autres, de ce corps qui veut tout ressentir. Sa traversée est évidemment un transport amoureux. Comment ne pas avoir envie d'être à bord ? Aurélien Ferenczi, Télérama

Fidelio est aussi l’histoire d’un bateau du même nom. Un vieux cargo tout patiné, rafistolé, bientôt bon pour la casse. Plus qu’un décor, c’est un vrai personnage, monstre marin lancé sur l’océan, pris dans toute la largeur d’un format Scope qui agrandit l’horizon et rétrécit encore l’espace étroit des coursives, dans les entrailles du monstre. Noémie Luciani, Le Monde

« Mon personnage est une fille qui est prête à mettre les mains dans le cambouis, dans ce gros monstre marin. Elle gère autant qu’elle peut. Et elle essaye d’avoir le courage de faire la même chose dans ses relations. C’est un endroit où elle est moins douée... Disons qu’elle n’a pas les bons outils, en tout cas elle prend le risque, elle cherche. Elle a envie de fuir ces mécanismes, d'essayer de comprendre comment ça marche. » Ariane Labed, interprète du rôle de Lucie.

Vendredi 14 octobre ( 14 h 30 et 20 h )

LA LANGUE DES PAPILLONS


Un film de José Luis Cuerda 

(Espagne ; 2001 ; 1 h 35 ; VOST ; inédit à Troyes)

Avec Fernando Fernán Gómez, Manuel Lozano Opispo, Uxia Blanco

À la fin de l'hiver 1936, dans un village de Galice, c'est la rentrée des classes pour Moncho (Manuel Lozano), un petit garçon de huit ans. C'est la première fois qu'il va à l'école et il a peur, car il a entendu dire que les maîtres battent les enfants.

Arrivé le jour fatidique, il s'enfuit, terrorisé, et passe la nuit dans la montagne. Don Gregorio (Fernando Fernan Gomez), son vieil instituteur, est obligé d'aller le chercher chez lui. De retour à l'école et à l'initiative du maître lui-même, Moncho est accueilli par les applaudissements de ses camarades.

À partir de ce moment, l'apprentissage du savoir et de la vie commence pour le jeune écolier.

Au printemps, il découvre avec Don Gregorio les beautés de la nature, les grandes idées progressistes ; il perçoit aussi l'opposition du prêtre et des nantis. C'est la guerre. Moncho voit ses parents brûler toute appartenance républicaine, puis les rafles de nuit. Enfin, le village se rassemble pour conspuer en place publique les prisonniers républicains qui sont emmenés. Pour s'acquitter publiquement, chacun doit insulter d'anciens camarades...


Dans une société où les superproductions américaines, froides, aux scénarios incohérents et aux acteurs recrutés à coup de millions font rage, heureusement que des films nous réchauffent le cœur pour nous donner le plein d'émotion. Un bel exemple que La langue des papillonsLa langue des papillons mêle avec brio des évènements historiques réels (les arrestations des républicains, par exemple) avec des éléments fictifs... Les choix de réalisation sont travaillés, notamment en ce qui concerne la lumière.

Ciao


La musique très prenante d'Alejandro Aménabar accompagne le scénario simple mais très efficace qui illustre de façon magistrale les derniers mois heureux que vit le village avant qu’il ne sombre dans l’horreur, un été 36. Tout est dépeint de main de maître : le portrait humaniste du maître qui éveille ses enfants à toutes les merveilles de la vie, de la profondeur d’un poème d’Antonio Machado à la perfection de l’anatomie des papillons, comme celui plus rustre des villageois, leur solidarité, leur amitié, la joie de se retrouver les soirs de bal. Tout cela se trouvera balayé par l’absurdité d’une guerre fratricide où la solidarité va se transformer en chacun pour soi, la complicité en délation, la fidélité en trahison. A une question sur l’enfer de Moncho à son maître, celui-ci répondra : « l’enfer de l’au-delà n’existe pas, la haine, la cruauté, c’est cela, l’enfer, et quelquefois l’enfer, c’est nous ». Cette explication prémonitoire résume d’un trait ce que l’enfant va vivre jusqu’en 1939. Un film d’une grande puissance évocatrice, remarquablement filmé et interprété.

Spectacles Sélection, Lettre n°184


Un des plus grands succès des années 2000, applaudi par la critique de tous les festivals étrangers. Il est difficile de se soustraire à la poésie et à l’émotion qui s’en dégage, à ce que The New York Post considère comme la « subtile et efficace métaphore des dangers du fascisme »

D’après El Pais, 18 janvier 2003

Mardi 15 novembre ( 20 h )

du lundi 14 novembre au jeudi 17 novembre

En partenariat avec M.H.R.E. 89 et UPOP 10 Centre culturel de Sainte-Savine

LES MESSAGERS


Documentaire de Hélène Crouzillat et Laetitia Tura

(France ; 2014 ; 1 h 10 ; inédit à Troyes)

Présence d’une des deux réalisatrices

Du Sahara à Melilla, des témoins racontent la façon dont ils ont frôlé la mort, qui a emporté leurs compagnons de route, migrants littéralement et symboliquement engloutis dans la frontière.« Ils sont où tous les gens partis et jamais arrivés ? »  Les Messagers se poste sur la frêle limite qui sépare les migrants vivants des migrants morts. Cette focalisation sur les morts sans sépulture interroge la part fantôme de l'Europe


Hélène Crouzillat et Laëtitia Tura réalisaient une enquête sur les conditions de vie des migrants subsahariens bloqués aux frontières Marocaines. Touchées par les vibrants témoignages de ceux qui ont survécu à la traversée en mer et évoquent le souvenir des morts, les réalisatrices transforment le destin de leur film pour apporter un éclairage sur ces corps disparus.


Premier long métrage d'une vidéaste et d'une photographe, connue pour son travail sur les frontières. Le documentaire émouvant s'interroge sur la mort de centaines de migrants aux portes de l'Europe — ici au Maroc, autour des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Et sur tous ces corps, souvent sans identité. Les témoignages des survivants, qui racontent le naufrage des frêles embarcations ou les sévices des forces de sécurité marocaines et espagnoles, sont ponctués de photos de paysages étrangement vides, comme des nos man's land peuplés de fantômes. Nicolas Didier, Télérama

"Les Messagers" est inconfortable, violent, insoutenable ; il nous oblige à ne pas fermer les yeux, à ne pas nous boucher les oreilles. Face à la barbarie, il dresse des flots de paroles accusatrices qui nous accompagnent longtemps après la projection. […]

Une marche funèbre dont la sobriété même fait la force ; un témoignage poignant, insoutenable, révoltant, et nécessaire. […]


Les Messagers est construit très rigoureusement, dans un crescendo horrifique qui laisse le spectateur au bord des larmes. Un monologue désespéré, des témoignages de gens qui récupèrent des cadavres, la lente et froide explication d’un garde civil espagnol, tout ce début, sobre et comme murmuré, aboutit, vers le milieu du film, à la vision de la fameuse « barrière » qui contient les migrants et dont on nous dit qu’elle « ne sert à rien ». Puis vient l’horreur : des survivants témoignent et, avec des mots simples, avec parfois des difficultés à parler tant leurs souvenirs les hantent, ils disent l’insoutenable ; la mort de leurs compagnons de misère, les meurtres cyniques, le sadisme du côté marocain comme du côté espagnol. De manière dérisoire, un homme explique que la frontière n’existe pas vraiment, qu’elle est floue et arbitraire. Mais au nom de ce flou, on assassine. Et les autorités considèrent sans l’avouer que ces morts constituent un « message dissuasif ».et jamais arrivés ? »  Les Messagers se poste sur la frêle limite qui sépare les migrants vivants des migrants morts. Cette focalisation sur les morts sans sépulture interroge la part fantôme de l’Europe. François Bonini, A voir à Lire.com

Vendredi 25 novembre ( 14 h 30 et 20 h )

CASA GRANDE


Film de Fellipe Barbosa

(Brésil ; 2015 ; 1 h 54 ; VOST ; inédit à Troyes)

Avec Thales Cavalcanti, Marcello Novaes, Suzana

Enfant de l'élite bourgeoise de Rio de Janeiro, Jean a 17 ans. Tandis que ses parents luttent pour cacher leur banqueroute, il prend peu à peu conscience des contradictions qui rongent sa ville et sa famille.


Si le film séduit, c’est avant tout par une écriture qui, laissant la narration déborder, se laisse aussi porter au-delà d’un scénario fermé, vers une histoire en ligne de fuite. Cahiers du Cinéma, Gaspard Nectoux

 

Film d’apprentissage adolescent, où un jeune garçon de 17 ans, que sa francophile de mère a baptisé Jean, rencontre une jolie métisse, Luiza, avec laquelle il entend bien assouvir sa libido débordante. Mais cette trame-là se joue sur fond de choc entre classes sociales, la famille bourgeoise de Jean faisant tout pour dissimuler sa banqueroute financière, tandis que Luiza, elle, entend bien profiter de la nouvelle loi sur les quotas décrétée par Lula pour s’offrir un futur que ses origines modestes lui interdisaient jusqu’alors. Christophe Chabert, 2/06/2015, Cinéma Grenoble


À l’intérieur de la fiction, on découvre Jean, ado hébété, voire vaguement narcoleptique, qui y réside avec ses grands bourgeois de parents, une jeune sœur, et un entourage de domestiques plus ou moins aimants[...] Alors que s’écoulent pour Jean les dernières heures du lycée, propices à tous les départs de feux sentimentaux et libidinaux, les fondations de cet édifice de privilèges s’effritent. Et avec elles, les remparts érigés entre le jeune garçon et une société carioca morcelée par les différences socio-culturelles et le racisme, dont rien, jusqu’à ce que le désargentement le retrouve à prendre le bus, ne l’autorisait à rencontrer les différentes strates. Liberation, Julien Gester


Le premier personnage de cette famille, c’est évidemment la « grande maison » (« casa grande ») du titre, dans la banlieue chic de Rio, flanquée d’une vaste piscine, d’un jardin et de dépendances – signe extérieur de rupinerie –, et dont on découvre l’imposante façade dans un plan générique qui s’amuse à en éprouver l’équipement high-tech. Mathieu Macheret, Le Monde, 02.06.2015


Malgré la description crue du quotidien de cette famille embourgeoisée, encerclée par une misère plus suggérée qu’exposée ; la caméra ne pose pas un regard malveillant sur ce père endetté, sur cette mère précieuse, sur ce fils qui est conduit à l’école par son chauffeur. Mais un regard, honnête dira-t-on, honnête sur les désillusions du travail, de la famille, et du cœur. Grégoire Lemaître, 11/06/2015 Cine Séries-mag


Le film manque parfois d’une brutalité sociale que le réalisateur a peut-être voulu adoucir, ou du moins éloigner de cette autobiographie détournée. Il n’en reste pas moins le signal supplémentaire d’un renouveau du cinéma brésilien qui a pour figure de proue une façon très particulière de fragmenter les espaces, de découper en cubes l’intérieur et l’extérieur, et d’y rebattre sans répit les cartes de l’hétérogénéité sociale. Théo Ribeton, Les Inrocks

Vendredi 16 décembre ( 14 h 30 et 20 h )

  

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